La Liberté

Le réalisateur Christophe Ruggia jugé pour agressions sexuelles

L'affaire portée par l'actrice Adèle Haenel est emblématique du mouvement #Metoo au cinéma (archives). © KEYSTONE/EPA/JULIEN DE ROSA
L'affaire portée par l'actrice Adèle Haenel est emblématique du mouvement #Metoo au cinéma (archives). © KEYSTONE/EPA/JULIEN DE ROSA
L'affaire portée par l'actrice Adèle Haenel est emblématique du mouvement #Metoo au cinéma (archives). © KEYSTONE/EPA/JULIEN DE ROSA
L'affaire portée par l'actrice Adèle Haenel est emblématique du mouvement #Metoo au cinéma (archives). © KEYSTONE/EPA/JULIEN DE ROSA


Publié le 03.08.2024


Le réalisateur français Christophe Ruggia doit être jugé les 9 et 10 décembre à Paris pour des agressions sexuelles aggravées commises sur l'actrice Adèle Haenel quand elle était mineure. C'est ce qu'ont indiqué des sources proches du dossier.

L'affaire, emblématique du mouvement #Metoo au cinéma en France, avait été révélée en 2019 par une longue enquête et interview de l'actrice ("en liberté!", "Portrait de la jeune fille en feu"...) au site Mediapart.

Adèle Haenel a ensuite plusieurs fois dénoncé "la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels", y compris par sa sortie fracassante lors de la cérémonie 2020 des César quand Roman Polanski, accusé de viol, y a reçu le prix du meilleur réalisateur pour "J'accuse". Désormais comédienne de théâtre, elle a acté en 2023 sa rupture avec le cinéma.

Dans son ordonnance de renvoi consultée par l'AFP, la magistrate a souligné notamment les dénonciations "de manière circonstanciée, constante et précise" de l'actrice, "son état de sidération" au moment des faits, "les répercussions psychologiques" des agressions, "l'importante différence d'âge entre les deux protagonistes" et "la survenance d'une contrainte psychologique progressive" imposée par le réalisateur, le premier à l'avoir fait tourner dans le film "Les Diables" (2002).

Non-lieu

La juge d'instruction a retenu deux circonstances aggravantes: la minorité de l'actrice au moment des faits et la position d'autorité du cinéaste. "Christophe Ruggia, 59 ans, a contesté l'ensemble des faits dénoncés par la partie civile tout au long de la procédure", rappelle la juge d'instruction.

Les avocates du réalisateur, Mes Fanny Colin et Orly Rezlan, n'ont pas souhaité commenter. Les faits qui seront évoqués lors du procès s'étalent de septembre 2001 à février 2004: Adèle Haenel était alors âgée de 12 à 15 ans. Alors âgé de 36 à 39 ans, Christophe Ruggia l'avait reçue tous les samedis après-midis pendant près de trois ans à son domicile.

En revanche, la juge d'instruction a ordonné un non-lieu pour les agressions sexuelles dénoncées par l'actrice lors de festivals au Japon en juin 2002 et au Maroc en septembre 2002. La période allant de janvier à fin août 2001 est également exclue des poursuites.

Plusieurs figures du cinéma inculpées

En 2019, Adèle Haenel avait dénoncé l'"emprise" du réalisateur, peu connu du grand public, pendant la préparation et le tournage de "Les Diables". Puis un "harcèlement sexuel permanent", des "attouchements" répétés et des "baisers forcés dans le cou", qui auraient eu lieu chez lui et lors de plusieurs festivals internationaux. Plusieurs figures du cinéma français sont rattrapées par des accusations de violences sexuelles.

L'acteur Gérard Depardieu, inculpé depuis 2020 pour viols et agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould, sera jugé en octobre pour des violences sexuelles sur deux femmes lors du tournage "Les volets verts" de Jean Becker en 2021. L'actrice Judith Godrèche, 52 ans, a déclenché une nouvelle tempête en accusant publiquement en début d'année Benoît Jacquot de viols puis Jacques Doillon d'agression sexuelle. Mais les faits qu'elle dénonce semblent prescrits.

Garde à vue levée

Benoît Jacquot a néanmoins été inculpé début juillet pour viols sur les actrices Julia Roy en 2013 et Isild le Besco entre 1998 et 2000. Placé sous contrôle judiciaire, il a interdiction d'exercer la profession de réalisateur et d'assister à des événements publics en lien avec le cinéma.

Jacques Doillon lui, a vu sa garde à vue levée pour raisons médicales. Il est notamment accusé notamment de viols, coups et blessures et violences psychologiques par Joe Rohanne, personne trans non binaire.

ats, blg, afp

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